September 2017 – December 2019
Ecart. Une archive collective, 1969–1982
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À la fois collectif, galerie autogérée, maison d’édition d’artistes, librairie et salon de thé, Ecart était un espace d’art indépendant cofondé à Genève en 1969 par les artistes John M Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner. Tout au long des années 1970, le groupe s’est attaché à expoler et à exposer un large panel de pratiques artistiques expérimentales en lien avec la mouvance internationale Fluxus. Témoins de formes d’expression collectives, tournées vers la performance, l’édition et la musique, les archives Ecart réunissent, entre autres, des imprimés et des multiples, du mail art, des correspondances d’artistes et des photographies documentaires, créés ou collectionnés par les artistes en charge du lieu.
L’archive
Constituées au fil des activités du collectif, de ses prémisses au milieu des années 1960 jusqu’à sa dissolution dans les années 1980, les archives Ecart revêtent un intérêt capital pour l’histoire de l’art à Genève, et plus largement en Suisse. Ce vaste fonds, conservé avec minutie par les acteurs du groupe, a la caractéristique rare de documenter en détail les activités d’une entité artistique majeure de la période : des cartons d’invitations aux photographies documentant les expositions, des lettres d’intentions aux éditions réalisées par le collectif, des carnets de note à l’administration de leur librairie, les archives permettent de retracer, presque jour par jour, l’activité à la fois intellectuelle, artistique et pratique d’Ecart.
D’un côté, cette archive, constituée en réseau, sous la forme d’échanges, d’invitations, de collaborations, permet de montrer le rôle crucial d’Ecart au sein de la scène helvétique et européenne. De l’autre, les nombreuses correspondances, ephemeras et livres d’artistes qui y sont présents, en lien avec des figures majeures de l’art des années 1960 et 1970, issues de courants aussi divers que Fluxus, le Pop ou le Mail Art font des archives Ecart une documentation à même refléter les enjeux d’une époque dans son ensemble. A ce titre, cet ensemble est d’une importance capitale en tant que documentation des pratiques d’une entité locale, ayant aujourd’hui acquis une notoriété internationale, tout autant qu’il est un outil majeur pour comprendre comment une scène globale interagit avec un milieu régional, et ce durant près de deux décennies.
Enfin, rappelons que les archives Ecart sont aussi la propriété de l’artiste genevois John M Armleder, qui en a assuré la préservation, et continue d’en assurer, avec engagement et bienveillance, la conservation et l’étude : en tant qu’archives personnelles documentant les premières années d’activités collectives de l’artiste, elles sont, à ce titre, un fonds documentaire d’une importance capitale pour comprendre l’évolution de la pratique d’une figure considérée aujourd’hui comme l’une des plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle en Suisse.
Le projet
Le projet « Ecart, 1969-1982 : une archive collective » vise à inventorier, valoriser et ouvrir au public le fonds des archives Ecart. Piloté par la HEAD-Genève en collaboration avec le MAMCO, il est financé par le fonds stratégique de la HES-SO. En phase avec l’histoire du groupe genevois, il est mené par une équipe interdisciplinaire, sous la responsabilité des historien-ne-s de l’art Yann Chateigné et Elisabeth Jobin, en collaboration avec les artistes, designers et chercheur-e-s Mathieu Copeland, Pierre Leguillon, Emilie Parendeau et Dan Solbach. Entamé en septembre 2017, le projet a permis de remettre au jour un fonds d’archives essentiel. Conservé depuis vingt années au Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire de Genève, il est désormais étudié, accessible à la communauté des chercheurs, et employé pour la réalisation de différents projets artistiques, académiques et pédagogiques. Il est actuellement déposé à la Haute école d’art et de design – Genève, au sein de ses nouveaux espaces situés Avenue de Châtelaine.
Dans ce cadre, le collectif de recherche a mené de front un inventaire des archives, une série d’études académiques et un ensemble de projets éditoriaux et artistiques. La logique de mise en œuvre repose sur une méthodologie spécifique, et adaptée à la réalité du fonds étudié. En effet, plutôt que de faire reposer la logique de l’inventaire sur une structure a priori, plaquée sur les archives Ecart, celui-ci a été réalisé en lien avec les projets eux-mêmes. Ainsi, la méthode pragmatique mise en œuvre permet de produire, entre autres, deux publications de référence coéditées avec des éditeurs internationaux, un programme d’expositions en coproduction avec des institutions artistiques, trois articles scientifiques publiés dans des revues suisses et étrangères, un site Internet accueillant une série d’entretiens filmés, et des séminaires pédagogiques.
Cette méthode d’inventaire dynamique a permis d’avancer à grands pas dans l’inventaire des archives Ecart, et d’éclairer en profondeur des pans singuliers du fonds. Mais, si elle a autorisé des sondages spécifiques, en fonction des axes particuliers de recherche du collectif, elle n’a pas encore permis de finaliser celui-ci : déménagement des archives, évaluation de l’ampleur et de la réalité du fonds, nouvelles découvertes en cours d’inventaire, prise de conscience de la vitesse réelle d’inventaire. Le projet est aujourd’hui près de son accomplissement, mais l’inventaire final des archives Ecart doit encore être finalisé.
Les résultats
Les archives Ecart ont la particularité d’avoir été accumulées par des artistes, et non des historiens. Elles ne sont ainsi régies par aucune logique systématique, et ont été entreposées sans aucune forme de tri lorsque le collectif Ecart s’est dissolu aux alentours de 1982. Le fonds a néanmoins bénéficié de premières recherches, en 1997, par Lionel Bovier et Christophe Cherix, qui ont permis de mettre d’importantes collections à jour et dresser une première chronologie du groupe Ecart. (…)
Depuis septembre 2017 et jusqu’à fin octobre 2019, le fonds d’archives du collectif et de la galerie Ecart a fait l’objet d’un projet de recherche, et d’un inventaire mené par Elisabeth Jobin. Le groupe de recherche s’est attaché à démontrer l’importance historique, locale et européenne du groupe et de la galerie Ecart et à valoriser le fonds de plusieurs manières. Tout d’abord par son archivage, puis par la mise en œuvre de deux expositions au MAMCO, qui réserve au projet un espace de façon semi-permanente (Mail Art, septembre 2018-mai 2019 ; Stand Ecart à la Foire de Bâle, dès juillet 2019) ; ainsi que par une présentation des archives à l’espace d’exposition de la HEAD-Genève, LiveInYourHead, en novembre 2019.
Ensuite, par la préparation et la publication de deux ouvrages sur les activités d’Ecart. Le premier, qui porte sur l’histoire d’Ecart, est une réédition entièrement repensée d’un ouvrage de référence paru en 1997. Il est corrigé et augmenté, dans sa nouvelle édition, d’un appareil iconographique enrichi des découvertes faites dans l’archive depuis 2017. Le second ouvrage, réalisé collectivement avec l’équipe de recherche et des chereurs internationaux, est en cours de finalisation (parution novembre 2019).
Ensuite par la réalisation d’un site internet, www.archivesecart.ch, où des images, des textes et des vidéos d’interview d’artistes font état de l’avancée de l’archivage. Par ailleurs, des interventions d’étudiants (réactivations de performances) ont pu être réalisées en marge de ce projet de recherche, de même qu’un cours théorique et pratique dans le cadre du Work.Master (Master en arts visuels de la HEAD – Genève). Enfin, par la publication d’articles scientifiques sur Ecart et l’archive dans des revues et bases de données de référence (Kunstbulletin, Zurich ; Cahiers du MNAM, Paris ; SIK-ISEA, Lausanne/Zurich) et des colloques (« Archives et collections », Université de Lille, Summer School de l’Institut de français de l’Université de Genève, 2019).
Elisabeth Jobin, Yann Chateigné, 2019
September 2017 – December 2019
Ecart. Une archive collective, 1969–1982
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À la fois collectif, galerie autogérée, maison d’édition d’artistes, librairie et salon de thé, Ecart était un espace d’art indépendant cofondé à Genève en 1969 par les artistes John M Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner. Tout au long des années 1970, le groupe s’est attaché à expoler et à exposer un large panel de pratiques artistiques expérimentales en lien avec la mouvance internationale Fluxus. Témoins de formes d’expression collectives, tournées vers la performance, l’édition et la musique, les archives Ecart réunissent, entre autres, des imprimés et des multiples, du mail art, des correspondances d’artistes et des photographies documentaires, créés ou collectionnés par les artistes en charge du lieu.
L’archive
Constituées au fil des activités du collectif, de ses prémisses au milieu des années 1960 jusqu’à sa dissolution dans les années 1980, les archives Ecart revêtent un intérêt capital pour l’histoire de l’art à Genève, et plus largement en Suisse. Ce vaste fonds, conservé avec minutie par les acteurs du groupe, a la caractéristique rare de documenter en détail les activités d’une entité artistique majeure de la période : des cartons d’invitations aux photographies documentant les expositions, des lettres d’intentions aux éditions réalisées par le collectif, des carnets de note à l’administration de leur librairie, les archives permettent de retracer, presque jour par jour, l’activité à la fois intellectuelle, artistique et pratique d’Ecart.
D’un côté, cette archive, constituée en réseau, sous la forme d’échanges, d’invitations, de collaborations, permet de montrer le rôle crucial d’Ecart au sein de la scène helvétique et européenne. De l’autre, les nombreuses correspondances, ephemeras et livres d’artistes qui y sont présents, en lien avec des figures majeures de l’art des années 1960 et 1970, issues de courants aussi divers que Fluxus, le Pop ou le Mail Art font des archives Ecart une documentation à même refléter les enjeux d’une époque dans son ensemble. A ce titre, cet ensemble est d’une importance capitale en tant que documentation des pratiques d’une entité locale, ayant aujourd’hui acquis une notoriété internationale, tout autant qu’il est un outil majeur pour comprendre comment une scène globale interagit avec un milieu régional, et ce durant près de deux décennies.
Enfin, rappelons que les archives Ecart sont aussi la propriété de l’artiste genevois John M Armleder, qui en a assuré la préservation, et continue d’en assurer, avec engagement et bienveillance, la conservation et l’étude : en tant qu’archives personnelles documentant les premières années d’activités collectives de l’artiste, elles sont, à ce titre, un fonds documentaire d’une importance capitale pour comprendre l’évolution de la pratique d’une figure considérée aujourd’hui comme l’une des plus importants de la seconde moitié du 20ème siècle en Suisse.
Le projet
Le projet « Ecart, 1969-1982 : une archive collective » vise à inventorier, valoriser et ouvrir au public le fonds des archives Ecart. Piloté par la HEAD-Genève en collaboration avec le MAMCO, il est financé par le fonds stratégique de la HES-SO. En phase avec l’histoire du groupe genevois, il est mené par une équipe interdisciplinaire, sous la responsabilité des historien-ne-s de l’art Yann Chateigné et Elisabeth Jobin, en collaboration avec les artistes, designers et chercheur-e-s Mathieu Copeland, Pierre Leguillon, Emilie Parendeau et Dan Solbach. Entamé en septembre 2017, le projet a permis de remettre au jour un fonds d’archives essentiel. Conservé depuis vingt années au Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire de Genève, il est désormais étudié, accessible à la communauté des chercheurs, et employé pour la réalisation de différents projets artistiques, académiques et pédagogiques. Il est actuellement déposé à la Haute école d’art et de design – Genève, au sein de ses nouveaux espaces situés Avenue de Châtelaine.
Dans ce cadre, le collectif de recherche a mené de front un inventaire des archives, une série d’études académiques et un ensemble de projets éditoriaux et artistiques. La logique de mise en œuvre repose sur une méthodologie spécifique, et adaptée à la réalité du fonds étudié. En effet, plutôt que de faire reposer la logique de l’inventaire sur une structure a priori, plaquée sur les archives Ecart, celui-ci a été réalisé en lien avec les projets eux-mêmes. Ainsi, la méthode pragmatique mise en œuvre permet de produire, entre autres, deux publications de référence coéditées avec des éditeurs internationaux, un programme d’expositions en coproduction avec des institutions artistiques, trois articles scientifiques publiés dans des revues suisses et étrangères, un site Internet accueillant une série d’entretiens filmés, et des séminaires pédagogiques.
Cette méthode d’inventaire dynamique a permis d’avancer à grands pas dans l’inventaire des archives Ecart, et d’éclairer en profondeur des pans singuliers du fonds. Mais, si elle a autorisé des sondages spécifiques, en fonction des axes particuliers de recherche du collectif, elle n’a pas encore permis de finaliser celui-ci : déménagement des archives, évaluation de l’ampleur et de la réalité du fonds, nouvelles découvertes en cours d’inventaire, prise de conscience de la vitesse réelle d’inventaire. Le projet est aujourd’hui près de son accomplissement, mais l’inventaire final des archives Ecart doit encore être finalisé.
Les résultats
Les archives Ecart ont la particularité d’avoir été accumulées par des artistes, et non des historiens. Elles ne sont ainsi régies par aucune logique systématique, et ont été entreposées sans aucune forme de tri lorsque le collectif Ecart s’est dissolu aux alentours de 1982. Le fonds a néanmoins bénéficié de premières recherches, en 1997, par Lionel Bovier et Christophe Cherix, qui ont permis de mettre d’importantes collections à jour et dresser une première chronologie du groupe Ecart. (…)
Depuis septembre 2017 et jusqu’à fin octobre 2019, le fonds d’archives du collectif et de la galerie Ecart a fait l’objet d’un projet de recherche, et d’un inventaire mené par Elisabeth Jobin. Le groupe de recherche s’est attaché à démontrer l’importance historique, locale et européenne du groupe et de la galerie Ecart et à valoriser le fonds de plusieurs manières. Tout d’abord par son archivage, puis par la mise en œuvre de deux expositions au MAMCO, qui réserve au projet un espace de façon semi-permanente (Mail Art, septembre 2018-mai 2019 ; Stand Ecart à la Foire de Bâle, dès juillet 2019) ; ainsi que par une présentation des archives à l’espace d’exposition de la HEAD-Genève, LiveInYourHead, en novembre 2019.
Ensuite, par la préparation et la publication de deux ouvrages sur les activités d’Ecart. Le premier, qui porte sur l’histoire d’Ecart, est une réédition entièrement repensée d’un ouvrage de référence paru en 1997. Il est corrigé et augmenté, dans sa nouvelle édition, d’un appareil iconographique enrichi des découvertes faites dans l’archive depuis 2017. Le second ouvrage, réalisé collectivement avec l’équipe de recherche et des chereurs internationaux, est en cours de finalisation (parution novembre 2019).
Ensuite par la réalisation d’un site internet, www.archivesecart.ch, où des images, des textes et des vidéos d’interview d’artistes font état de l’avancée de l’archivage. Par ailleurs, des interventions d’étudiants (réactivations de performances) ont pu être réalisées en marge de ce projet de recherche, de même qu’un cours théorique et pratique dans le cadre du Work.Master (Master en arts visuels de la HEAD – Genève). Enfin, par la publication d’articles scientifiques sur Ecart et l’archive dans des revues et bases de données de référence (Kunstbulletin, Zurich ; Cahiers du MNAM, Paris ; SIK-ISEA, Lausanne/Zurich) et des colloques (« Archives et collections », Université de Lille, Summer School de l’Institut de français de l’Université de Genève, 2019).
Elisabeth Jobin, Yann Chateigné, 2019